Le droit de vote
Le suffrage universel pour les citoyens européens après deux ans de résidence continue

Les démocraties fragiles ne peuvent pas exclure des citoyens
Le marché unique européen garantit la libre circulation des produits, des services, des capitaux et des personnes. C'est une définition très économique de l'être humain qui considère les citoyens uniquement comme des facteurs de production. Pourtant, cela fonctionne et chaque année, de plus en plus de citoyens choisissent de vivre et de travailler dans un autre pays que leur pays d'origine. Le problème, toutefois, est qu'en faisant cela, ils perdent la plupart de leurs droits démocratiques.
J'en suis un bon exemple. Je suis Allemand, en France depuis 2012, et depuis 2025 en Slovénie. Je ne peux voter qu'aux élections municipales et européennes en Slovénie, une fois que j'aurai mon titre de séjour. Pour les autres élections, je n'ai aucun droit de vote. En Allemagne, où je n'ai plus vécu depuis 2008, je perdrai mon droit de vote après 25 ans. En tant qu'Européen, je soutiens donc indirectement le nationalisme, puisque je ne peux plus voter ni dans mon pays d'origine, ni en Slovénie pour la plupart des élections pertinentes. Il y a aujourd'hui 15 millions de citoyens européens mobiles, dont 2 millions en France (soit l'équivalent de 5 à 7 % de l'électorat total). Deux millions de votes supplémentaires, probablement contre le populisme et pour l'Europe, peuvent faire la différence.
Je crois que nous ne devrions pas vivre dans une Europe qui crée des catégories de citoyens différentes en matière de droits démocratiques. Ouais, je n'avais qu'à prendre la nationalité française, mais cela n'irait-il pas à l'encontre de l'idée de libre circulation ? Et maintenant que je suis en Slovénie, devrais-je aussi prendre la nationalité slovène juste pour voter ? On ne peut pas s'attendre à ce que nous changions de nationalité à chaque déménagement : c'est un processus lourd, qui prend souvent des années et comporte de nombreux obstacles.
Nos démocraties sont probablement déjà affaiblies en limitant le droit de vote à la nationalité ou à l'ethnicité plutôt qu'à la citoyenneté. Si nous prenons le projet européen au sérieux, le suffrage universel pour les citoyens de l'UE est une condition préalable.
Mes priorités
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Le suffrage universel pour les citoyens européens
Le droit de choisir le pays dans lequel on vote sera la cinquième liberté du marché unique - ou une première liberté démocratique dans l'Union Européenne. Nous pouvons prendre la Nouvelle-Zélande comme exemple, qui accorde le droit de vote sans limitation après 24 mois de résidence continue. Si nous voulons nous inspirer de la guerre d'indépendance des États-Unis, « no taxation without representation » était à l'époque une raison pour déclencher une guerre. Je n'irais pas jusque-là, mais nous pourrions considérer que 24 mois de résidence continue et deux déclarations fiscales suffisent pour être éligible à voter à toutes les élections. Ce qui, bien sûr, ouvre une autre boîte de Pandore : peut-on aussi se présenter à toutes les élections en tant que candidat et comment traiter les citoyens ayant des nationalités extérieures à l'Union européenne ?
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Une citoyenneté européenne
Si l'UE est sérieuse dans sa volonté de limiter le nationalisme dans les États membres, nous devrions commencer à faire de la citoyenneté européenne une réalité. Il existe des critères d'adhésion pour devenir un État membre de l'UE. Définissons des critères techniques pour la citoyenneté européenne et investissons des efforts et un budget pour les promouvoir. Des immigrés de deuxième ou troisième génération ayant du mal à s'identifier au pays où ils sont nés (souvent à cause de discriminations) aux citoyens désillusionnés par leur gouvernement et leur pays, nous ne devrions pas sous-estimer le potentiel attrait de ne pas se considérer uniquement comme ressortissant de tel ou tel État membre, mais aussi comme citoyen européen.
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